Dans la série “saisir les opportunités”, je choisis le roadtrip dans le Cotentin. Alors oui, ça change des montagnes, oui c’est moins dans l’esprit randonnée mais oui, ça vaut le coup !

Pour saisir les opportunités, il faut…et bien une opportunité pardi. Celle-ci m’a été donnée par le biais des réseaux sociaux, à savoir facebook et instagram. J’en profite d’ailleurs pour t’encourager vivement à me suivre sur ces réseaux si ce n’est pas déjà fait 😉 :
- compte instagram associé au blog, pour y découvrir chaque jour ou presque de nouvelles photos
- page facebook où tu trouveras des albums et un peu de mon quotidien.
Donc oui, parfois le virtuel peut glisser vers la réalité. Des échanges, des centres d’intérêt communs, des affinités et hop, une proposition d’hébergement et de visite du Cotentin. Certes, c’est loin de Lyon, certes la route est fatigante mais rencontrer de nouvelles personnes inspirantes, de nouveaux lieux, sortir de sa zone de confort, n’est ce pas le cœur et le moteur de ce blog ? Le cœur de mon sujet ?
Alors c’est parti, direction Cherbourg. Annonce blablacar publiée, j’attends. Sans passager le trajet va me coûter un rein, ou un bras ou un œil…enfin trop pour un mois de décembre. Oui…mais c’est période de grève alors…les gens se ruent sur blablacar…Ils se ruent et se désistent aussi facilement ceci dit. Bref, un peu de covoit’ pour amortir les frais et surtout pour rendre la route moins longue…Chance ou non, j’ai pu bien discuter. Départ 15h de Lyon, arrivée 00h30 à Cherbourg avec comme cadeau bonus 3 heures en plein brouillard de Paris à Caen…

Dès le lendemain, programme bien rempli : visite de la Hague, le Landemer, port racine,la baie d’Ecalgrain, le phare de Goury. Dégustation de produits locaux : le poiré et des chaussons aux pommes comme jamais je n’en avais mangé : les grévillais de Greville-Hague!!! Le combo ? Une tuerie comme on dit 😉

Après cette première journée, place aux premières impressions.
Ce bout de Normandie que je découvre est une pièce, avec ses deux faces. D’un côté les terres, de l’autre les côtes (et la mer). Dans les terres, comme en beaucoup de régions françaises, beaucoup d’habitations trop récentes et sans charme. Je le concède, j’ai ce côté un peu vieux jeu ou précieux qui cherche la vieille pierre ou l’esthétique de la construction. En revanche, je suis tombé sous le charme du littoral. Qu’il s’agisse des baies, des digues, des plages, du ressenti ou de la vision, ce littoral possède un pouvoir. Le pouvoir du moment présent (oui c’est le titre d’un livre D’Eckhaert Toll et alors ?)…d’une reconnexion d’avec ses sensations. Tu retrouves en quelques instants le goût du sauvage (le bon sauvage de notre ami Rousseau) qui sommeille en toi comme j’ai pu m’en délecter lors de ma traversée du Vercors en autonomie complète (lis l’article si ça n’est pas fait ;-)).
Aux deux faces s’ajoute la tranche, la frontière terre/mer et ici, j’ai été très surpris. Il n’y en a pas ou presque pas. Les champs comme les prés courent jusqu’à la mer, sans s’en soucier.


A cela s’ajoute, sans doute aidé par les quelques virées en montagne par temps “variable”que j’ai pu faire, que ce flirt avec les côtes normandes a provoqué en moi un réel changement. Mais je garde un peu de suspens et te dévoilerai cela un peu plus loin.


Côté gastronomie, je n’ai pas opté pour le costume de critique culinaire…J’ai été invité à manger une raclette…savoyarde, je me suis fait une pizza (un peu décevante d’ailleurs), testé un restaurant libanais (excellent et copieux) mais je n’ai même pas mangé de produits frais de la mer. Honte à moi. Promis, la prochaine fois, je teste, je goûte et je me régale du terroir.
Les jours suivants, je me suis payé le luxe d’un parcours à travers le Cotentin et même au delà pour une escale au Mont Saint Michel (et oui, c’est pas tous les jours que je suis dans ces parages!).
J’ai cheminé jusqu’au le port de Barfleur au petit matin avant d’aller errer sur la plage de Jonville avec vue sur l’île de Tatihou. J’ai ensuite rejoint la route côtière jusqu’à Utah beach. Après cela, j’ai tenté les marais blancs mais…je n’ai pas trouvé le bon spot. Carentan ne me semble pas être le meilleur endroit. En en partant, depuis la route en direction du Mont Saint Michel, j’ai pu apercevoir des endroits bien plus “inondés” et charmants. Pour une prochaine fois peut-être…

Quelques notes sur ces lieux traversés .
Tout d’abord Barfleur. Garé sur le port, non loin du marché, mon regard a été aussitôt attiré par le côté Est, cette plage, ou plutôt cette anse jonchée d’algues, contrastée. Mais mes pas m’ont amené à l’ouest, jusqu’à l’extrémité du port. Besoin d’horizon matinal ? C’est calme. Poissons et tourteaux sont sur les étals. Cette atmosphère de travail à échelle humaine me saisit. Je profite, je sens ces odeurs, je ressens et je ne photographie pas. La pente au bout du port me permet de tester de la pose longue, de voir partir de petites embarcations et d’observer le ciel changeant. Tiens le soleil perce…Va-t-il sortir vainqueur ? Il est temps de reprendre la route même si j’aurais pu passer la journée ici. A juste à être là.
Avec mes deux appareils autour du cou et mes poses étranges à m’allonger sur les pavés mouillés j’intrigue les rares pêcheurs œuvrant sur le quai. Qu’importe, au revoir Barfleur.
Je démarre et, après quelques centaines de mètres, je me trouve au niveau de l’anse…j’aperçois la vue mais trop furtivement. Alors, instinctivement, je gare la voiture et je saute prendre quelques photos depuis ce point de vue…J’ai bien fait…cela donne l’une de mes préférées (celle juste au dessus hein car après…ben ça n’est pas Barfleur ;-)…

La plage de Jonville. Les rues du village sont étroites, comme dans tous les villages de bord de mer que j’ai traversés. Cela m’évoque une ère sans moteur, des vaches, des chevaux et de la lenteur. Des maisons collées comme métaphore d’un besoin de solidarité ? L’heure a un peu tourné et le soleil semble perdre ce round, l’île de tatihou se distingue peu, à peine son fort. En m’y prenant à l’avance j’aurais sans doute pu avoir l’opportunité d’aller visiter cette île-musée dont on m’a dit beaucoup de bien. N’empêche, de la roche noir, de la mousse verte, la mer et le ciel suffisent à mon plaisir.


Ensuite direction Utah beach, nouveaux coups de frein pour déclencher et saisir quelques instants de bord de mer. Là encore, chance ou intuition, mais ces deux clichés font partie de mes préférés. Tu pourras me dire ce que tu en penses…
Utah beach a été pour moi un moment au cours duquel j’ai essayé d’imaginer. Mission difficile voire impossible en réalité. Seules subsistent des questions : pourquoi, comment ? et cette unique photo que j’ai gardée :

La digression au Mont Saint-Michel…il est gros ce cailloux. Tellement gros que ça m’a surpris de l’apercevoir de si loin, depuis la route. Alors j’ai roulé en suivant les indications. J’ai roulé jusqu’à ces parkings et ces barrières…jusqu’à ressentir cette fétide impression de piège qui les accompagne. J’ai fuit et je suis revenu sur mes traces pour profiter d’une vue de loin. Certes, je n’ai pas la mer, certes je ne l’ai pas visité. Mais je réserve ça pour une virée en famille histoire de garder un peu de suspens et d’inconnu à partager avec mes enfants.

Lorsque tu te rends dans le Cotentin, il te faut absolument aller déambuler sur les digues de ce monument portuaire qu’est la rade de Cherbourg. Pour ma part j’ai pu fouler la digue de Collignon par temps de pluie ainsi que la digue de Querqueville par fort vent (avec les vagues qui jouent à saute mouton et viennent te caresser). Marcher sur ces digues, c’est un peu comme toucher du bout du pied la démesure de l’égo. Ça n’est ni une grosse moto, ni une grosse voiture, c’est encore plus gros 😉 et offre sans doute plus de kiff !

L’expérience est intense et vive. La mer, depuis ces digues, a ce pouvoir extraordinaire de te reconnecter avec l’ici et maintenant, avec toi mais sans tous ces vélos qui tournent habituellement et continuellement dans ta tête. Un effet proche de celui de la fatigue d’une grosse journée de marche en quelques gifles salées et humides. C’est beau, très beau, vivifiant, très vivifiant mais…pas si facile à photographier. Et puis, la matériel ramasse…J’aimerais pouvoir vous montrer le visage du gars de l’atelier photo quand je lui ai amené mon appareil pour un nettoyage. D’ailleurs au moment d’écrire ces lignes mon appareil est en cure de jouvence à l’atelier. A première vue…pas de dégât…en espérant qu’il en soit ainsi.


Avant mon départ, j’ai pu profiter à nouveau d’une fin d’après midi clémente pour jeter un œil nouveau aux baies d’ecalgrain et de nez de Jobourg. Magnifique. Magnifique mais finalement trop court, trop précipité. En voyant ce sentier qui défile, en découvrant qu’il s’agit d’un GR qui parcourt le littoral, je réalise à quel point l’expérience de la lenteur et de la longue immersion aurait pu être meilleure. D’abord de moi à moi, ensuite, de moi à toi, au travers des photos. Mais on ne peut pas tout faire. Tiens cela m’amène une question, quelqu’un a-t-il déjà parcouru l’intégralité des GR français ?…Je chercherai plus tard.


Ceci étant, même dans cette découverte accélérée, profiter d’un coucher de soleil, visage au vent avec l’horizon à perte de vue, ça demeure magique et magistral. Qu’il s’agisse du bord de mer ou de la montagne, un horizon dégagé ça ressource. Tu connais le quotidien de la vie en appartement, en maison jumelée, en lotissement, en village où, même avec peu de vis à vis, ton regard se heurte fatalement à un obstacle : immeuble, toits, forêt…Là, rien pour arrêter ton regard. Une suspension de la routine, une libération de l’habitude, un message qui te parvient : “et si tout était possible ?”. Car oui, avant de trouver sa voie, avant de changer sa vie, ne faut-il pas se projeter hors de l’espace et du temps dans cette infinité de possibles ? Ressentir, choisir, revenir ? Et itérer cela à chaque fois que l’occasion de présente.

Je t’ai parlé des paysages, des sensations, de la gastronomie (Mea culpa again) mais qu’en est-il des gens, cherbourgeois et autres habitants du Cotentin ? Ayant été hébergé et souvent guidé, j’ai pu facilement me passer des rencontres fortuites ou nécessaires qui m’auraient éclairé sur ce point. Je me contenterai donc des propos entendus lors de la “raclette party”, au milieu de “vrais” locaux, nés ici, et de transfuges (« horsain » me dit-on), exilé(e)s parisien(ne)s par exemple. A les écouter, on ne vient pas à Cherbourg par hasard. On y naît ou on y vient “contraint”. Et ce qui est sûr, on ne fait pas que passer par ce bout du monde ! Sur place, on déteste ou on y reste. Les exilés y vivent depuis plusieurs années alors qu’ils ne pensaient pas rester. Pourquoi ? Transparaît dans leur discours comme un voile de dureté : le climat, les gens, la mer… mais cette dureté, une fois acceptée, deviendrait une force, la force d’attraction et d’attachement. Je veux bien le croire venant de la bouche d’un type qui est allé surfer le midi par ce vent glacial.

J’ai évoqué plus haut un changement et je n’en ai encore rien dit ! Ceci dit, tout est dans le titre. Depuis que je suis revenu je regarde chaque jour le ciel avec beaucoup plus d’attention, avec beaucoup plus d’affection et de sensibilité à sa beauté quasi permanente et changeante. Je deviens obsessionnel du ciel dans mes photos 😉

Même en reprenant la route pour Lyon, de très bonne heure, le ciel m’a offert un fabuleux spectacle. Les voies rapides sont moins propices à l’arrêt inopiné mais j’ai quand même fait l’effort de m’extirper de la conduite mécanique pour saisir un fragment du spectacle.
Voilà pour cette première expérience dans le Cotentin. N’hésite pas à réagir, je serai ravi de te lire et de te répondre. Et, une opportunité pouvant en cacher une autre, il est probable que je retourne dans cette langue de terre pour participer à un événement associatif cherbourgeois (chut…je n’en dis pas plus pour l’instant).
Je tiens également à remercier chaleureusement Moonycake et ses ami(e)s qui m’ont excellemment bien accueilli !
A bientôt.
20 décembre 2019 at 23 h 05 min
21 décembre 2019 at 6 h 24 min
Excellent week-end
21 décembre 2019 at 8 h 03 min
Sinon une réflexion en vous lisant : pour moi randonner ce n’est pas forcément qu’en montagne, mais dès qu’on chausse ses chaussures et que l’on met un pied l’un devant l’autre en profitant de l’environnement, du compagnon de voyage en pleine conscience. C’est encore mieux si cela se fait sur plusieurs jours, en itinérance ?
Faire tous les Gr de France, le rêve ?
21 décembre 2019 at 8 h 33 min
21 décembre 2019 at 8 h 10 min
Née là-bas j’ai reconnu et ressenti
Relire « les déferlantes » de Claudie Gallay
Voir aussi le film
Merci pour ce voyage
Dégusté depuis la maison au bord de la marne
Maison de vie, de tribu créée à deux
Puis trois quatre cinq et les autres
Photos juste justes
Respect
?
21 décembre 2019 at 8 h 35 min
21 décembre 2019 at 8 h 30 min
J’avoue être envieuse de la facilité que tu as à faire passer des émotions.
En plus tes photos sont très belles avec une préférence pour le mont Saint Michel, la digue et la plage avec ces maisons colorées.
21 décembre 2019 at 8 h 38 min
21 décembre 2019 at 10 h 11 min
21 décembre 2019 at 16 h 39 min
21 décembre 2019 at 19 h 11 min
23 décembre 2019 at 16 h 12 min
21 décembre 2019 at 21 h 24 min
Bravo et merci Ludovic .
23 décembre 2019 at 16 h 13 min
24 décembre 2019 at 7 h 07 min
27 décembre 2019 at 8 h 53 min
C’est prévu…Pour autant, je ne crois pas avoir « raté » quoi que ce soit…j’ai fait des choses durant le temps que j’avais devant moi 😉
24 décembre 2019 at 21 h 46 min
27 décembre 2019 at 8 h 54 min
26 décembre 2019 at 20 h 15 min
27 décembre 2019 at 8 h 55 min
26 décembre 2019 at 20 h 19 min
27 décembre 2019 at 8 h 55 min